Statu quo pour la Belgique au classement du FEM
Le classement annuel de la fondation suisse repose sur un sondage d’envergure réalisé auprès de plus de 13.000 dirigeants d’entreprise dans près de 144 pays, couplé à plusieurs données objectives, notamment issues de la Banque Mondiale et du FMI, mesurant la compétitivité de chaque pays.
Choisie comme partenaire belge, la Vlerick s’est chargée de sonder les patrons belges. « Dans certains domaines, comme l’infrastructure et les capacités technologiques, la Belgique a fait des progrès, même si ce ne sont pas encore de réels atouts. Dans d’autres, elle a encore de efforts à faire, notamment dans son climat macro-économique, où elle stagne à la 69ème place. Traditionnellement, les domaines où nous étions faibles ont encore diminué. Le déclin le plus notable se produit dans l’efficacité du marché du travail. Dans les chapitres où la Belgique avait une performance moyenne, elle a plutôt progressé. Pour le reste, on constate une grande stabilité, introduit Micheline Goedhuys, Professeur à la Vlerick. Pour résumer, le pays a globalement une bonne performance dans les piliers de bases, comme le tissu industriel et l’innovation. C’est plutôt dans le domaine des efficacités de marché qu’on constate des lacunes ».
Top cinq
Si le plat pays a conservé sa place, il ne doit pas s’avouer satisfait pour autant. « Le Global Competitiveness Index définit la capacité de croissance à long terme d’un pays, explique Leo Sleuwaegen, également professeur à la Vlerick Business School. Nous avons maintenu notre 17ème position au classement mondial. Toutefois, le fossé croissant entre la Belgique et l’Allemagne, notre principal partenaire commercial, est très inquiétant ».
Au sein du top cinq, on retrouve à nouveau la Suisse en première position, Singapour, la Finlande, l’Allemagne et les Etats-Unis. Ces sept dernières années, la Belgique a oscillé entre la 20ème (en 2006 et en 2007), la 18ème (en 2009) et la 19ème place (en 2010). Par ailleurs, le pays devance toujours la France après l’avoir dépassée en 2011. Cette année, cette dernière continue sa chute dans le classement, passant de la 21ème à la 23ème position. Néanmoins, la Belgique ne parvient pas encore à rattraper l’Allemagne, ni les Pays-Bas (qui redescendent à la 8ème position après avoir atteint la 5ème en 2011). Le Luxembourg, quant à lui, conserve sa 22e position.
Vers le sud, la tendance est à la dégringolade. L’Espagne occupe la 35ème position, l’Italie la 49ème, le Portugal la 51ème et la Grèce est à la 91ème position. Cette situation est principalement due à un déséquilibre macroéconomique, à un mauvais accès au financement, à une contraction du marché du travail et à un manque d’innovation dans ces pays.
Atouts encourageants
Parmi les atouts belges, on peut mentionner un enseignement primaire de qualité et des soins de santé excellents, deux domaines dans lesquels nous décrochons la 3ème place mondiale. « Nos résultats en matière d’enseignement supérieur et de formation sont encourageants. Bien qu’elle ait perdu une place, la Belgique figure toujours dans le top 5, soutient Micheline Goedhuys. La qualité de nos entreprises en général contribue également à notre compétitivité : la Belgique conserve la 12ème position au niveau mondial ».
Dans le domaine de l’efficacité du marché des biens, la Belgique enregistre également un bon score, passant de la 15ème à la 13ème place. Cette progression s’explique principalement par la quantité et la qualité des fournisseurs locaux, des domaines dans lesquels la Belgique se classe respectivement à la 4ème et à la 5ème positions. Le pays enregistre toujours de bonnes performances en matière d’innovation, bien qu’elle accuse un recul de trois places en 2013, passant de la 11ème à la 14ème place. Dans la catégorie « maturité technologique », nous avons gagné quatre places en 2013 (de la 22ème à la 18ème position) après avoir reculé de 11 places dans le classement en 2012.
Faiblesses à corriger
Deux autres facteurs ont influencé les résultats belges : l’efficacité du marché du travail, où nous perdons du terrain (de la 50ème à la 64ème position) et le développement du marché financier, où la Belgique chute de 13 places (de la 31ème à la 44ème position). Pour ce qui est du climat macroéconomique, les dégâts sont quelque peu limités (de la 66ème à la 69ème position). Nous gagnons deux places dans le domaine des infrastructures (de la 21ème à la 19ème position) après le recul de la 17ème à la 21ème place en 2012.
Leo Sleuwaegen poursuit : « la Belgique a fortement dégringolé dans les domaines de la macroéconomie et de l’efficacité du marché du travail, deux piliers qui nous ont déjà fait reculer dans le classement par le passé. L’intervention importante des pouvoirs publics, les effets de la taxation sur les incitations au travail et le manque de flexibilité en matière d’embauche et de licenciement sont toujours les facteurs les plus problématiques ». La fameuse relation entre salaire et productivité fait également toujours défaut.
Enfin, en 2013, l’activité des entreprises a principalement été entravée par des règles de travail restrictives, la pression fiscale élevée et une bureaucratie inefficace des pouvoirs publics. Cette année, l’accès au financement ne figure cependant pas dans le top 3 des facteurs qui compliquent le plus la vie des entrepreneurs actifs en Belgique. « Pour répondre à ces enjeux, il faut s’engager sur un terrain politique sensible or, il y a peu de marge de manœuvre dans le contexte actuel. Ce qui est certain, c’est que les distorsions ne vont pas se résoudre du jour au lendemain. Les lacunes belges identifiées par l’étude sont connues depuis longtemps, il faudra encore du temps », termine Micheline Goedhuys.