10 questions « people » pour l’administrateur

Marie-Bernard Guillaume

Les aspects RH demeurent encore largement absents des débats des conseils d’administration. Or, une série de points cruciaux ne devraient guère échapper à l’administrateur. Voici une check-list de dix questions clés à mettre à l’agenda des discussions.

Aujourd’hui, dans la grande majorité des organisations, les ressources humaines sont pilotées au niveau du comité de direction. « C’est évidemment un progrès appréciable, mais seulement une partie du chemin a ainsi été accompli, estime Marie-Bernard Guillaume, Partner Board & Executive Search chez Mercuri Urval. En effet, l’équipe de direction agit essentiellement sur le quotidien opérationnel. Or, le capital humain de l’entreprise doit aussi être envisagé dans une perspective stratégique à plus long terme. Il faut donc que les administrateurs soient bien conscients des enjeux en la matière et qu’ils puissent titiller le CEO sur les aspects RH. »

C’est dans cet esprit que Mercuri Urval a récemment consacré un de ses Inspiration Breakfasts aux 10 questions RH cruciales pour l’administrateur. « Le monde change, insiste-t-elle. Les pénuries de talents sont de plus en plus marquées et aggravées par la réalité démographique. Une nouvelle génération aux traits particuliers et aux attentes spécifiques a fait son entrée dans le monde du travail. On doit faire en sorte que les collaborateurs partent à la retraite le plus tard possible. Par ailleurs, la crise est à nouveau très perceptible et force à des choix difficiles: se séparer de certains collaborateurs ou faire le gros dos pour pouvoir rebondir plus rapidement à la reprise, par exemple. Ce sont là autant de dimensions que le conseil d’administration doit intégrer dans ses réflexions et ses décisions stratégiques. »

Anticiper

D’autre part, les aspects RH n’échappent bien évidemment pas aux rôles et responsabilités des administrateurs. « Le conseil d’administration soit conçoit, soit valide la stratégie de la société afin de garantir sa pérennité, rappelle Marie-Bernard Guillaume. Et lorsqu’on parle stratégie, on doit immanquablement parler ressources humaines: de quelles personnes dans quels rôles allez-vous avoir besoin pour être ce que vous voulez être dans les cinq ans qui viennent? L’administrateur a également pour mission de veiller à une saine gestion des risques dont, bien entendu, les risques liés au facteur humain. Enfin, le CA doit aussi se positionner en matière de responsabilité sociétale, et donc réfléchir au système de valeurs devant permettre de la concrétiser. »

On le voit: les champs d’intervention sont nombreux. Afin de permettre aux administrateurs de remettre leur pratique en question et de passer en mode action, Mercuri Urval a identifié dix questions clés à se poser. Les trois premières portent sur la désignation du CEO et des membres de l’équipe de direction. « La nomination du CEO est classiquement abordée par les conseil d’administration. Par contre, ils s’intéressent moins à son équipe et ont rarement un plan B au cas où il arriverait un accident au dirigeant, par exemple. Il est important que le CA anticipe ce genre de problématiques et dispose d’une méthodologie le cas échéant. »

Une deuxième sphère d’intervention touche à la gestion des talents: la stratégie se traduit-elle bien – et comment – au niveau des politiques ressources humaines et, si la stratégie change, qu’est-ce que cela peut impliquer dans les profils et les rôles pour la réaliser, par exemple? « Les administrateurs ne doivent pas s’immiscer dans l’opérationnel, mais bien vérifier que les bonnes questions sont posées, par exemple par rapport aux fonctions clés et à risques ou par rapport à l’identification des talents à un horizon plus lointain. »

Si les conseils d’administration évoquent bien les questions liées aux rémunérations – à tout le moins du top management –, ils sont encore rares à s’interroger sur la traduction réelle dans la vie quotidienne de l’entreprise des systèmes de valeurs développés ou à demander un volet RH dans les procédures de « due diligence » lors d’acquisitions. Marie-Bernard Guillaume conclut en suggérant la mise en place d’un véritable Comité RH dans le cadre du CA. « Les comités de nomination et de rémunération ne couvrent qu’une partie des problématiques clés. Il serait intéressant de disposer d’un organe opérant un questionnement plus global en RH. Il pourrait être composé du président du CA, du CEO, du DRH et d’un administrateur externe spécialisé en RH et venant les challenger dans une perspective stratégique à plus long terme. On y traiterait de nomination et de rémunération, mais aussi des autres sujets RH… »

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