A trois vitesses…

Christophe Lo Giudice

Les retards de paiement sont une plaie pour l’entreprise. On ne le dira jamais suffisamment. A cet égard, une nouvelle directive européenne devra être transposée en droit national au plus tard le 16 mars 2013. Ses dispositions prévoient, entre autres, que les entreprises se devront de payer leurs factures endéans 60 jours, à moins qu’elles en décident expressément autrement et que ce ne soit pas totalement injuste. Elles seront automatiquement autorisées à réclamer des intérêts pour les retards de paiement et pourront aussi obtenir un montant fixe minimum de 40 € à titre de compensation pour frais de recouvrement. Elles pourront également réclamer des compensations pour tous les autres frais raisonnables de recouvrement. Le taux d’intérêt légal pour retard de paiement augmentera d’au moins 8% au-dessus de la référence de la Banque centrale européenne.

Bien sûr, il ne s’agit pas là de la panacée. C’est que le mal est profond et varie selon les pays, comme le démontre une analyse menée sur la période 2000-2010 par Euler Hermes qui parle d’une « Europe à trois vitesses ». Il y a d’une part l’Allemagne et la Pologne, caractérisés par des délais déjà en deçà des 60 jours imposés par la directive européenne. L’Allemagne est le meilleur élève de l’Union, avec un délai client de 24 jours en moyenne en 2010 et un recul de 21% entre 2000 et 2010. En milieu de peloton, la France et notre pays qui se sont rapprochés de la norme des 60 jours au cours de la décennie. Enfin, l’Espagne, l’Italie et le Portugal se démarquent par des délais très au-dessus de la norme entre 80 et 100 jours en forte hausse depuis 2009.

La crise et ses multiples effets de second tour se sont traduits par une détérioration de la qualité des paiements interentreprises en Europe, avec une augmentation globale des délais, des retards et des défauts de paiement, souligne Euler Hermes. Pour 2012, les comportements des délais de paiements sont globalement attendus en phase avec les évolutions économiques. Dans les pays qui affichent des perspectives de croissance les plus favorables, comme l’Allemagne et la Pologne, les délais de paiement se réduiraient. Dans les pays les plus en difficulté et en particulier ceux ayant des perspectives de croissance négative comme l’Espagne, l’Italie et le Portugal, le risque est bel et bien celui d’une augmentation des délais de paiement. En 2013, les perspectives de croissance attendues plus favorables qu’en 2012, permettent d’anticiper une contribution positive à l’amélioration des délais de paiement interentreprises. Cette détente devrait cependant être limitée pour les pays du sud de l’Europe, rendant l’effort à faire pour atteindre les objectifs fixés dans la directive européenne encore plus grand, conclut l’assureur crédit.

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