Bruxelles, attractive mais en perte de vitesse

Bruxelles s’affiche en sixième place du classement des villes d’affaires européennes les plus attractives derrière Londres, Paris, Francfort mais aussi Amsterdam et Berlin qui progressent aux 4e et 5e places. L’impact de la crise politique belge demeure toutefois limité.

La perception de Bruxelles en tant que ville d’affaires européenne demeure indéniablement positive, indépendamment de l’impasse politique dans laquelle se trouve notre pays depuis plus d’un an. C’est du moins ce qui ressort de l’édition 2011 de l’étude European Cities Monitor du conseil global en immobilier professionnel Cushman & Wakefield. Ce rapport compile les perceptions qu’ont 501 entreprises européennes des villes d’affaires européennes et de leur attractivité. Dans cette 22e édition de l’étude, 36 villes sont à nouveau évaluées à l’aune de 12 facteurs importants dans la prise de décision relative au choix d’implantation des entreprises, tels que l’accessibilité aux marchés et aux clients, le personnel qualifié, les moyens de télécommunication, le coût du personnel et le nombre de langues parlées.
Sur base des résultats obtenus est dressé un classement général. Le trio de tête (Londres, Paris et Francfort) reste inchangé, et c’est même le cas depuis la première édition de l’étude en 1990! En revanche, les deux villes complétant le top-5 ont quant à elles changé, Bruxelles et Barcelone rétrogradant cette année à la sixième place (ex-æquo avec Madrid), et cédant la place à Amsterdam et Berlin, lesquelles grappillent deux positions. La plus nette progression de l’année est enregistrée par Bucarest, gagnant huit places pour se retrouver en 27e position. Rome connaît quant à elle la plus grande régression, passant de la 28e à la 35e place. Après trois ans d’absence, Zurich réintègre le top-10, là où Düsseldorf perd l’avancée engrangée l’année passée, pour rétrograder à la 14e place du classement.

Critères essentiels

Cushman & Wakefield a demandé aux dirigeants de ces 501 entreprises quels étaient, selon eux, les critères essentiels à prendre en compte dans le cadre d’une implantation à l’étranger. Pour la troisième année consécutive, le facteur le plus important se révèle être l’accessibilité aux marchés, aux consommateurs et aux clients, critère recueillant 60% des voix. Plus de la moitié des répondants accordent également une importance capitale à la disponibilité du personnel qualifié (53%), ainsi qu’à la qualité des moyens de télécommunication (52%).
Les transports interurbains et internationaux ont perdu cette année de leur prééminence (42% contre 51% l’an dernier), mais complètent néanmoins le top-4 des critères principaux. A ceux-ci s’ajoutent encore d’autres facteurs décisifs, tels que le rapport qualité/prix des espaces professionnels, le coût du personnel, la disponibilité des espaces professionnels, le nombre de langues parlées, les transports intra-urbains, le climat généré par le gouvernement, la qualité de vie et le degré de pollution de l’environnement.

Bruxelles

Les performances réalisées cette année par Bruxelles pour ces derniers facteurs sont excellentes. L’accessibilité aux marchés, aux clients et aux consommateurs, le facteur le plus important aux yeux des entreprises, est clairement l’un de nos points forts, dans la mesure où, en la matière, la capitale progresse de la cinquième à la quatrième place. De même, la présence de personnel qualifié et les moyens de télécommunication font partie des atouts de Bruxelles, qui prend la deuxième place dans le classement des villes en matière de langues parlées.
Seuls deux facteurs ont vu Bruxelles chuter en 2011, causant son recul au classement général: les transports intra-urbains, et le climat généré par le gouvernement en matière de politique taxative et d’incitants fiscaux. En outre, les entreprises ont également été interrogées quant à la ville qui selon elles produisait le plus d’efforts pour améliorer ses performances et son attractivité. Bruxelles remporte ici la huitième place du classement, une progression de quatre places en regard de l’année dernière.

« Bruxelles rétrograde notamment en raison du climat généré par le gouvernement en matière de politique taxative et d’incitants fiscaux. »

« Notre capitale atteint cette année encore un bon score dans plusieurs éléments essentiels lors de la prise de décision en matière d’implantation d’entreprises, commente Pierre Collette, Partner au sein de Cushman & Wakefield Belgique. Il n’en reste pas moins que nous chutons de deux places au classement général. Dans la mesure où cette chute ne s’explique guère par les facteurs retenus dans l’enquête, il faut en déduire qu’elle est peut-être due à l’impasse politique dans laquelle se trouve notre pays. Le fait de ne pas avoir de gouvernement fédéral après plus d’un an de négociations a sans doute influencé le jugement des chefs d’entreprise interrogés lors de la réalisation de l’enquête. Mais l’on peut se réjouir de ce que cette influence négative est demeurée limitée, et du fait que les entreprises continuent à juger de notre pays sur base de facteurs objectifs tels que l’accessibilité aux marchés, les moyens de télécommunication, les langues parlées, et les réseaux de transport vers l’étranger. »

Expansions globales

L’étude European Cities Monitor illustre combien l’expansion vers les autres pays européens reste l’un des points essentiels de la stratégie menée par les entreprises. La ville recueillant le plus d’intérêt demeure sur ce plan Moscou, 57 répondants affirmant envisager de s’y implanter dans le cours des cinq prochaines années, ce qui correspond à une hausse de 10 votants en regard de l’an passé. Londres suit immédiatement, la troisième place revenant à Varsovie. La quatrième ville du classement est Berlin, qui décrit aussi la plus nette progression, avec 23 répondants affichant leur enthousiasme contre 12 en 2010.
Au niveau mondial, les entreprises européennes privilégient les pays du BRIC, comme les destinations stratégiques des cinq prochaines années. Le top 6 du classement n’est composé que de villes localisées en Chine, au Brésil, et en Inde (Shanghai, Rio, Sao Paulo, New Delhi, Bombay et Pékin). L’enquête indique encore que les potentialités présentées par les pays émergents en matière de produits et de services exerceront l’influence la plus décisive sur le monde des affaires pour les cinq années à venir. L’impact du vieillissement de la population européenne ne doit pas non plus être sous-estimé, pas plus que les innovations technologiques. De manière générale, la perception des entreprises européennes n’a que peu varié depuis l’an dernier, en dépit de la crise de la dette, de l’incertitude du climat et des perspectives économiques.

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