Comment peindre votre car policy en vert

Certaines sociétés pointent l’intégration de véhicules hybrides, voire de voitures électriques, dans leur flotte comme « gage de durabilité ». Or, l’impact réel de telles initiatives n’est pas toujours si évident. Quelques adaptations, à la fois simples et très concrètes, apportées à votre car policy peuvent par contre donner des résultats bien plus probants. Explication.

Semaine après semaine, les communiqués de presse tombent: telle société va proposer des véhicules hybrides – associant un moteur thermique et un moteur électrique – à son personnel; telle autre vient d’acquérir un prototype électrique pour certains déplacements… Le message? ‘Le sort de la planète nous préoccupe et nous essayons d’y apporter notre contribution’. Très bien, incontestablement, mais il faut avouer qu’en l’état, de telles initiatives relèvent surtout du marketing, de l’image: l’impact réel reste plus que limité, voire parfois négatif.
« On n’en est encore qu’au tout début de cette révolution mécanique, note Luc Van Ouytsel, Regional Sales Manager chez Arval. L’expérience des premiers véhicules hybrides démontre qu’ils ne représentent pas forcément la meilleure solution. Ils sont probants en ville ou dans les embouteillages, par exemple. Mais ils fonctionnent à l’essence: on attend les premières hybrides à motorisation diesel en cette fin d’année. Au final, recourir à des voitures hybrides pour composer une flotte de véhicules de société ne fait pas de réelle différence par rapport à un parc de modèles classiques. »
Luc Van Ouytsel croit davantage aux initiatives contribuant à réduire les émissions de CO2 des véhicules qui composent les flottes, en agissant sur leur consommation de carburant. « Modifier la composition d’une flotte de voitures de société ne s’improvise pas – le sujet est en effet sensible – et prend du temps. Par contre, il existe toute une série de petites mesures, simples et concrètes, qui permettent d’avoir un grand impact et qui peuvent être prises très directement, sans frais importants: il s’agit pour les employeurs de veiller à rendre leur car policy plus verte. »

Progrès technologiques

1. Stimuler le bon choix des véhicules. « Si vous travaillez avec des listes de choix basés sur un budget de leasing pour les conducteurs, vous avez tout intérêt à déterminer un budget qui va comprendre la taxe CO2 et les frais de carburant », conseille-t-il. Prenons l’exemple de deux voitures, dont A se caractérise par un prix de leasing de 500 euros par mois et B de 490 euros par mois. En incluant la taxe CO2 (65 euros par mois pour la voiture A et 76 euros par mois pour la voiture B) et le coût du carburant (150 euros par mois pour la voiture A et 175 euros par mois pour la voiture B), le véhicule B n’est plus meilleur marché puisque son coût total revient à 741 euros par mois, pour 715 euros par mois au véhicule A.
« Pour orienter le choix des conducteurs vers les véhicules qui produisent moins d’émissions de CO2 et consomment moins, il est judicieux de répercuter le gain budgétaire en offrant au conducteur un budget d’options plus élevé », ajoute-t-il. Ainsi, dans notre exemple, si vous définissez un budget de leasing de 750 euros sur 48 mois incluant le coût du carburant et la taxe CO2, le conducteur de la voiture A aura un budget d’options de, par exemple, 1.263 euros tandis que le conducteur de la voiture B devra se contenter de 324 euros. Dans les deux cas, le prix du leasing sur 48 mois reste pour l’employeur de 750 euros.
Chercher à réduire les motorisations, voilà qui ne risque-t-il pas de déplaire à certains? Luc Van Ouytsel tempère: « Nous constatons dans le parc de véhicules mis à disposition de nos clients que le niveau de motorisation a sensiblement baissé, mais aussi que la motorisation technique est devenue quant à elle bien meilleure. Tout simplement parce que la technologie a progressé. Pour le dire autrement, un moteur d’1,6 litres d’aujourd’hui se caractérise par une puissance et un couple tout aussi bons, voire meilleurs, qu’un moteur de 2 litres d’il y a quelques années. C’est un message à faire passer. Il faut savoir également que les gens sont moins attirés aujourd’hui par des motorisations élevées que par un bon niveau d’équipement, par exemple… »

« Le choix de la carte carburant doit être guidé par le souci de s’approvisionner de la façon la plus intelligente. »

Le choix des véhicules peut aussi être orienté de manière plus stricte, en n’incluant dans la liste que des voitures produisant des émissions de CO2 inférieures à un certain seuil. « Un tel système peut toutefois être délicat à gérer pour des sociétés confrontées à une forte guerre des talents. D’autre part, même si on peut très bien instaurer des limitations différentes selon les catégories de personnel, il peut se révéler délicat que le dirigeant d’entreprise et le top management disposent de véhicules plus néfastes à l’environnement que leurs collaborateurs dont le choix serait limité sur base de cet argument. »

Conduite responsable

2. Imposer l’équipement d’un filtre à particules. « Avec la norme EURO 5, presque tous les nouveaux modèles en sont équipés », précise Luc Van Ouytsel.
3. Intégrer un système de navigation (GPS): « Celui-ci permet au conducteur d’éviter de se perdre – et donc de multiplier les kilomètres –, mais aussi d’optimiser ses trajets, par exemple en fonction des embouteillages, indique-t-il. Des études ont montré qu’un tel système permet, lorsque la destination est inconnue, de réduire en moyenne la distance parcourue de 16% et de réaliser un gain de temps de 18%. A titre de comparaison, sans GSP, on se trompe de chemin une fois sur quatre. »
4. Bien choisir la carte carburant: « Il en existe beaucoup sur le marché, et certaines offrent des ristournes, mais ce ne peut être le seul critère de choix. En effet, le nombre de stations-services diminue continuellement. » Ainsi, en 2003, on en dénombrait encore 3.846 pour 3.209 seulement au début 2011. « Il est donc utile de s’assurer que l’on s’approvisionne de la façon la plus intelligente. Avec une carte multimarques, par exemple, il est possible de faire profiter les conducteurs d’un réseau important et, donc, de réduire le nombre de kilomètres parcourus. »
5. Prévoir l’éducation des conducteurs. « Tous les tests démontrent que le comportement au volant influence la consommation et les émissions polluantes, souligne Luc Van Ouytsel. Il est dès lors utile de sensibiliser les conducteurs à une conduite responsable et de leur faire prendre conscience de l’impact de leurs comportements. Chaque trimestre, nous pouvons par exemple leur communiquer un bilan de leurs performances par rapport aux normes de consommation, aux excès de vitesse, aux sinistres et aux émissions de CO2. Des cours d’éco-conduite peuvent aussi être envisagés pour tous les conducteurs de voitures de société. »
Luc Van Ouytsel ne conseille toutefois pas de prévoir dans la car policy des mesures de type coercitives ou punitives pour les plus « mauvais élèves », mais plaide au contraire pour une gradation de la réaction. « Il est bien plus intéressant d’y prévoir l’ouverture d’en parler avec le conducteur: quand on constate une surconsommation de 20%, on peut tout d’abord avertir le conducteur par courrier, lui livrer des conseils. Il faut en effet savoir qu’une surconsommation n’est pas forcément causée par le style de conduite. Les personnes qui font surtout de très courts trajets ou qui sont davantage pris dans les embouteillages peuvent y être confrontés. Des mesures ‘punitives’ s’avèreraient alors quelque peu injustes… »

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