«La guerre des talents s’affirme dans le domaine du contrôle de gestion »
78 % des CFO interrogés par Robert Half, reconnaissent éprouver des difficultés à recruter des professionnels à haute valeur ajoutée. Les domaines fonctionnels où la complexité est la plus marquée sont : la comptabilité/l’expertise comptable (43 %), l’analyse financière (34 %), le contrôle financier (28 %) et l’audit interne (26 %). Conduite en juin 2013 par le bureau d’études indépendant Market Probe auprès de 200 directeurs financiers dans toute la Belgique, cette enquête fait partie de l’enquête internationale sur le lieu de travail (‘workplace survey’) qui interroge des cadres supérieurs à propos des tendances sur le lieu de travail et dans le monde de l’entreprise.
Métiers en pénurie
Les entreprises sont constamment à la recherche de professionnels financiers aptes à apporter une contribution immédiate à leur productivité. Leurs attentes ne sont pas des moindres puisqu’elles exigent de leurs futurs collaborateurs financiers qu’ils soient multilingues et démontrent des compétences techniques actualisées en matière d’informatique et d’analyse des données, ainsi que de bonnes compétences analytiques et des soft skills appropriées.
La demande de profils comptables de tous niveaux reste forte. Les fonctions les plus demandées sont aides-comptables, comptables AP/AR, comptables GL et chefs comptables, et ce aussi bien au sein des PME que des grandes entreprises/multinationales. On observe aussi toujours un manque persistant de comptables et d’experts-comptables.
« La demande est toujours plus importante que l’offre pour ces profils, souligne Joël Poilvache, Directeur de Robert Half. Il y a un décalage entre un besoin croissant des entreprises et un manque de jeunes diplômés chaque année. C’est un constat très marqué à Bruxelles où de nombreuses sociétés recherchent, en outre, des collaborateurs bilingues voir trilingues. Il faut parfois convaincre des néerlandophones de venir travailler à Bruxelles et donc les payer plus cher. C’est compliqué d’aller les chercher à l’étranger, c’est une profession assez localisée. Pour le tissu économique des PME, la connaissance des normes locales reste indispensable. On constate également de plus en plus de profils qui se recyclent en faisant des cours du soir » .
Du côté des métiers financiers, les fonctions de contrôleur financier et contrôleur de gestion restent très demandées. Tant les PME que les multinationales ont grand besoin de contrôleurs possédant cinq ans d’expérience ou moins. Les grandes entreprises et les multinationales cherchent, en outre, des contrôleurs seniors justifiant d’au moins cinq à sept ans d’expérience, ainsi que des cadres financiers supérieurs capables de procéder à des changements structurels.
Au sein du secteur des services financiers, les domaines fonctionnels où la demande est la plus aiguë sont la gestion des risques, la conformité et le reporting réglementaire.
Signes de reprise
Les entreprises s’efforcent de contrer le climat économique incertain par la mise en place d’initiatives génératrices de croissance nécessitant l’intervention d’experts financiers compétents et dotés de compétences techniques pointues. Même si l’accent porte principalement sur le remplacement des collaborateurs existants, bon nombre d’entreprises engagent du personnel pour de nouvelles fonctions, aux moindres signes de croissance.
« Depuis la fin de l’été, on ressent un frémissement de reprises. Les entreprises viennent nous voir davantage, c’est un signe que la confiance revient et que les activités reprennent », constate Joël Poilvache.
Plus de quatre CFO et directeurs financiers sur dix (44 %) ayant l’intention de recruter justifient ce choix par le lancement de nouveaux projets et initiatives, 44 % d’entre eux, mentionne la croissance d’activité ou l’expansion de l’entreprise, et 42 % font référence à la la pénétration de nouveaux marchés.
« La mondialisation et la numérisation de plus en plus poussées du secteur de la finance et de la comptabilité, ainsi que la nécessité accrue de gestion et de suivi de la réglementation, influencent fortement le contenu des fonctions financières et comptables, commente-t-il encore. Ces phénomènes expliquent la demande persistante, voire croissante, de certaines fonctions, telles que la comptabilité et le contrôle ».
Transparence accrue
Même si le secteur des services financiers, et le secteur bancaire en particulier, a quelque peu perdu de son lustre ces dernières années, il reste malgré tout attrayant pour les professionnels de la finance. Les entreprises du secteur des services financiers recommencent à embaucher en plus grand nombre que l’an passé, mais toutefois pas en masse. Elles se montrent sélectives dans leur processus de recrutement et recherchent des professionnels spécialisés capables de leur servir de guide sur un marché changeant.
Et Joël Poilvache de souligner : « le respect d’obligations réglementaires de plus en plus complexes et l’importance accrue accordée aux contrôles internes et à la transparence s’inscrivent aujourd’hui au coeur des priorités du secteur des services financiers. C’est ce qui explique la demande soutenue d’experts en gestion des risques, en conformité et en reporting réglementaire. Ce sont des rôles qui ont gagné en importance ces dernières années. Tout ce qui a trait à la Business Intelligence, la gestion des données et aux systèmes automatisés est devenu clé dans l’entreprise ».
Nouvelles recrues
Il ressort de l’analyse que les salaires de départ des profils seniors en finance et comptabilité, tels que les managers et directeurs comptables et financiers, restent stables, alors qu’une légère hausse est attendue pour les salaires des postes juniors. Frédérique Bruggeman, Managing Director Robert Half BeLux explique : « Les candidats spécialisés justifiant de trois à cinq ans d’expérience sont très convoités par les entreprises en quête du juste équilibre entre expérience et potentiel de développement. Comme la recherche de tels talents peut s’avérer problématique selon le domaine fonctionnel visé, les professionnels hautement qualifiés postulant à des postes très demandés et à des métiers en pénurie sont bien placés pour négocier un salaire de départ plus intéressant ».
Les salaires de départ au sein du secteur des services financiers restent globalement stables. Les candidats maîtrisant les domaines fonctionnels les plus critiques (gestion des risques, conformité et reporting réglementaire), de même que les actuaires et les assureurs hautement qualifiés, bénéficient eux aussi de salaires en légère hausse.
« Le package salarial reste un élément d’attractivité pour les jeunes recrues, soutient Joël Poilvache, mais ce n’est pas le seul facteur. On remarque une nette progression dans la recherche d’équilibre vie privée/ vie professionnelle. Le programme de formation est généralement la première question qu’on nous pose. Elle est vue comme essentielle pour maintenir l’employabilité. Ensuite, les outils utilisés et l’environnement de travail interviennent également. Du côté des entreprises, le diplôme combiné à une première expérience professionnelle probante constitue la formule gagnante ».
Politique salariale stable
La majorité des entreprises n’envisagent pas de modifier la politique salariale applicable aux collaborateurs existants, permanents ou temporaires. Près de huit CFO et directeurs financiers sur dix (78 %) affirment que les salaires resteront inchangés. Il s’agit là d’une nette augmentation par rapport à l’an dernier, lorsque 56 % des répondants annonçaient le maintien des salaires des collaborateurs financiers déjà en poste. Plus de la moitié (56 %) des CFO et directeurs financiers belges déclarent par ailleurs que les bonus/primes resteront eux aussi inchangés, un résultat similaire à l’an dernier (53 %).
La tendance est également à la stabilité pour les collaborateurs temporaires dont le salaire est calculé sur base d’un tarif journalier ou horaire. Sept CFO et directeurs financiers interrogés sur dix (70 %) indiquent que le tarif journalier/horaire des collaborateurs temporaires ne sera pas modifié au cours des six prochains mois.
De nos jours, il existe une grande variété d’avantages extralégaux occupant une place de plus en plus importante dans le package salarial global. Les entreprises ont compris que le salaire n’était pas le seul moyen d’attirer et de fidéliser les employés. « Compte tenu des coûts salariaux élevés et des atouts fiscaux inhérents aux avantages extralégaux, ces derniers sont appelés à devenir une composante de plus en plus importante de la politique de rémunération, à plus forte raison en période de difficulté économique. Ce contexte pousse également les entreprises à tenir davantage compte de la situation personnelle de chaque employé. La politique de rémunération ‘à taille unique’ ne constitue donc plus la norme », constate Frédérique Bruggeman.