Intelligence de situation

Au cours des douze derniers mois, pas moins de 86% des employeurs européens ont réduit ou gelé leurs dépenses en formation et développement des compétences. Ce chiffre ressort d’une étude réalisée par Accenture et publiée par la FEB, en marge de l’European Business Summit 2012 qui vient de se tenir à Bruxelles. Et à peine 18% des entreprises et institutions sondées envisagent d’accroître leurs dépenses dans la formation et le développement des compétences dans les douze prochains mois. Pourtant, 43% se disent confrontées à au moins une légère pénurie de compétences et 72% affirment que les entreprises, responsables politiques et organisations de la société civile doivent investir davantage dans ce domaine.

Un remake du ‘Fais ce que je dis, pas ce que je fais’! Olivier Gillerot, patron d’Accenture en Belgique, ne dit pas autre chose: « Nous sommes confrontés à un double paradoxe: les entreprises procèdent à des coupes sombres dans le développement des compétences alors qu’elles devraient précisément investir dans ce domaine et les pénuries de main-d’œuvre qualifiée persistent, bien qu’en Europe et ailleurs dans le monde, il existe un important vivier de talents inutilisés. Les employeurs s’accordent à dire qu’il faut investir dans le capital humain européen de manière contre-cyclique, mais ils peinent à trouver des solutions. »

Le rapport Turning the Tide: How Europe Can Rebuild Skills and Generate Growth livre une analyse des trois défis majeurs auxquels le marché des compétences européen est confronté et qui peuvent être relevés grâce à une « meilleure intelligence de la situation ». Un: les talents inexploités. Les employeurs ne tirent pas suffisamment parti des compétences que possèdent une grande partie des 23 millions de chômeurs en Europe ainsi que des 15 millions de personnes supplémentaires qui aimeraient travailler mais qui ont quitté le marché du travail en l’absence d’opportunités (travailleurs plus âgés, mères, jeunes). Ils ont tendance à considérer ces groupes très différents comme un groupe essentiellement homogène et ne parviennent dès lors pas à reconnaître ou aborder les défis très diversifiés en matière de compétences.

Deux: une faible mobilité du travail. Alors que 47% des organisations sondées disent utiliser les compétences disponibles dans leur propre pays, ce chiffre tombe à 28% lorsqu’il s’agit d’exploiter le marché du travail européen plus large. De nombreux employeurs ont du mal à éliminer leurs propres obstacles internes et ne mesurent pas et ne suivent pas efficacement les compétences au sein de leurs propres organisations. Trois: la collaboration déficiente entre secteurs. Bien que près des deux tiers des répondants admettent que les défis européens en matière de compétences ne peuvent être relevés que grâce à la collaboration entre les diverses parties prenantes, ils sont seulement 29% à collaborer avec d’autres organisations du secteur et seulement 18% à le faire avec des organisations d’autres secteurs. Walk the talk?

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