Les produits à intérêts garantis caracolent en tête des risques pour le secteur belge des assurances

Le risque majeur auquel est actuellement confronté le secteur belge des assurances vient des produits d’assurance vie qui offrent un rendement garanti. C’est ce que révèle la dernière étude Insurance Banana Skins qui classe les risques pour le secteur des assurances.

Cette étude menée par le CSFI et PwC a été coordonnée pour la troisième fois par Jacques Tison, Financial Services Leader chez PwC, auprès de spécialistes des assurances dans le but de déterminer quels sont, à leurs yeux, les principaux risques pour les 2-3 années à venir. D’après les assureurs belges, le principal risque est lié aux produits à intérêts garantis, essentiellement les contrats d’assurance de la Branche 21 offrant des rendements garantis élevés, détenus par la majorité des assureurs dans leurs portefeuilles d’assurances vie. Comme l’héritage de ces produits ne peut être financé de manière rentable au vu des faibles rendements actuels, cela entraîne des risques considérables pour le secteur des assurances.

Préoccupation belge

Dans les résultats globaux de l’étude, les risques liés aux produits à taux d’intérêt garantis sont classés en sixième position, ce qui indique que ce risque est bien plus préoccupant pour les assureurs belges que pour ceux des autres pays.
Gérard Vandenbosch, Director Actuarial Services chez PwC commente: « Pour des raisons historiques, le secteur belge de l’assurance vie est davantage exposé au risque lié aux taux d’intérêt que d’autres marchés. Les assureurs belges ont, pour des motifs concurrentiels, offert des produits d’assurance vie avec le taux d’intérêt maximal garanti de 4,75 % jusqu’à la fin des années 1990. Aux alentours de l’an 2000, le régulateur a réduit ce taux d’intérêt maximal garanti à 3,75 % et les assureurs ont commencé à réduire leur exposition au risque lié aux taux d’intérêt en proposant des contrats avec des taux garantis pour une période limitée (à 8 ans dans bien des cas). Cependant, de nombreux assureurs détiennent toujours un important portefeuille de polices avec ces taux d’intérêt garantis élevés, des engagements qui doivent toujours être tenus pour les nouvelles primes versées dans certains contrats. Conjugués aux taux d’intérêt historiquement bas que nous observons, ces engagements  se révèlent être une lourde charge pour le marché ».

Environnement macro-économique et performance

Plusieurs années consécutives de taux d’intérêt bas mettent la pression sur un secteur qui compte sur les revenus des placements pour couvrir le déclin du rendement dans les assurances. Les répondants estiment que les prévisions à court et moyen terme sont peu réjouissantes en termes de conditions économiques et ils reconnaissent qu’un climat économique négatif persistant peut avoir un sérieux impact sur la rentabilité du secteur. Les exigences en termes de réglementation constituent un autre risque majeur,classé en quatrième position. Ces préoccupations résultent  de la vague de nouvelles réglementations qui ont été introduites ou sont en cours d’introduction aux niveaux local et international.
Bert Reynders, Director Risk & Compliance Services chez PwC: «Deux facteurs-clés résultent de la préoccupation continue des assureurs quant aux futures réglementations. Premièrement, les assureurs sont exposés à une combinaison de multiples modifications réglementaires importantes simultanées. Au cours des prochaines années, ils seront confrontés à la mise en œuvre des mesures de Solvency II, à l’introduction de réglementations plus strictes sur les pratiques du marché, à la modification des normes IFRS, etc. Deuxièmement, il règne une incertitude permanente sur l’impact et le moment auquel interviendront ces changements, si bien que d’importantes décisions à propos de ces nouvelles réglementations doivent  être prises aussi vite que possible par les régulateurs ».
Les résultats de l’étude révèlent que les nouvelles règles pourraient inonder le secteur de problèmes de conformité et de coûts. Elles pourraient également détourner l’attention du management de leur tâche première qui consiste, avant toute chose, à gérer leurs entreprises et à s’assurer qu’elles sont suffisamment rentables, dans une période où le secteur est sous tension.