Que nous réserve l’avenir? Les analystes semblent chercher des réponses dans le marc de café

Depuis que les États-Unis ont décidé à la mi-septembre, comme cela était attendu, de relever le plafond d’endettement jusqu’au 7 février 2014, le sujet du « taper » suscite une nouvelle fois l’intérêt des analystes du marché.

Après la dernière réunion du FOMC de la Fed, le Washington Post a fait état du retrait de quelques mots du procès-verbal de la réunion d’octobre faisant référence à celui de la réunion de septembre indiquant qu’il se pourrait que la Fed se prépare à « taper », c’est-à-dire à ralentir progressivement ses achats de bons du Trésor et d’actifs. Quand on vous parle de lire dans le marc de café. Le marché semble toutefois indifférent à de telles spéculations. Les actions et les obligations sont largement à la hausse en raison d’une approche « à risques acceptés, » sans faire grand cas des dangers inhérents à cette stratégie. On dirait que le bout du tunnel n’est pas encore proche.

Garantie d’inflation

D’autre part, en beaucoup d’endroits, les risques sont assez souvent soulignés. La seule augmentation de plus de 5000 milliards de dollars américains des bilans des grandes banques centrales depuis la faillite de Lehman est considérée comme la garantie d’une inflation future élevée. Et ce malgré le fait que cet élargissement de la base monétaire a représenté à peine 6 % des performances économiques mondiales, à environ 1 % par an. Hors contexte, la hausse du stock d’obligations de l’État américain détenues par la Fed est aussi assez inquiétante. De même, le fait que la banque centrale détienne 16 % des titres de créance des États-Unis n’est pas rassurant non plus. Cela ne doit aucunement être vu comme un appel pour un accroissement illimité de l’endettement national, financé par les propres banques centrales des états. Il est impensable que cela puisse fonctionner sur le long terme sans risquer de perdre la confiance des marchés. Mais il est fort peu probable que la Fed réduise son acquisition de valeurs avant la prochaine atteinte de la limite d’endettement.

Voix dissonantes

Si le bilan de la Fed progresse, le total du bilan de la BCE recule en raison des rentrées de fonds ORLT. De plus, la BCE n’achète pas de quantités appréciables d’obligations de la zone euro. Cette différence de comportement conduit en définitive à une surabondance relative de l’offre du dollar américain par rapport à l’euro. En conséquence, l’euro s’apprécie par rapport au dollar. Après le remarquable discours de juillet 2012 dans lequel Mario Draghi s’engageait « à faire tout ce qui est nécessaire, » l’euro a gagné plus de 12 % par rapport à ses partenaires commerciaux. Cela représente une détérioration substantielle de sa position concurrentielle. Les voix dissonantes émanant actuellement du Trésor américain et du FMI, critiquant le volume des exportations allemandes, sont un rappel maladroit des remarques de l’ancienne ministre française des Finances, Christine Lagarde, au cours de l’été 2010, pressant les Allemands à prendre tout simplement plus de vacances parce que, comparé à leurs voisins, ils étaient trop assidus.
Cela fait 15 ans maintenant que la balance commerciale des États-Unis vis-à-vis de l’Allemagne est déficitaire. Au cours de la même période, le dollar pondéré par le commerce extérieur a, par moments, perdu plus de 40 % de sa valeur.
L’information parue le 4 novembre selon laquelle le FMI avait proposé de réduire la dette nationale en imposant aux épargnants particuliers (y compris les épargnants de pays non touchés par la crise) de verser 10 % de leurs économies dans le cadre d’un prélèvement spécial est, dans ce contexte, pour le moins très déconcertante.
Le problème de la tendance inflationniste est beaucoup plus immédiat. Actuellement, l’inflation évolue nettement à la baisse. C’est également le cas du taux d’inflation de base, ce qui est particulièrement préoccupant. En octobre, ce taux était à peine de 0,8 % sur un an dans la zone euro, le niveau le plus bas depuis la naissance de la monnaie commune. Et ce malgré le fait que nous ne sommes même pas en période de récession économique. L’évolution des taux d’inflation individuels laisse peu d’espoir quant à l’imminence d’une relance.

Pression inflationniste

Une inflation extrêmement faible, conjuguée à une devise forte, mettra la BCE sous pression. Premièrement, il faut s’attendre à ce que la BCE exploite le peu de marge de manœuvre qui lui reste en ce qui concerne les principaux taux, et elle réduira probablement ces taux à zéro en deux phases. Deuxièmement, il ne serait pas surprenant que d’autres mesures moins conventionnelles ne soient prises pour encourager l’ouverture de crédits, en particulier dans les états du sud de la zone euro. Les gouvernements de la zone euro n’ont peut-être aucun intérêt à voir des taux d’inflation extrêmement faibles car le coût de la charge de la dette sera écrasant du fait de la hausse du taux d’intérêt réel que cela induirait. On peut donc supposer qu’il y aura non seulement une longue période de politique du taux d’intérêt zéro par les banques centrales occidentales, mais aussi des rendements faibles continus dans le compartiment à long terme de la courbe des taux d’intérêt. Si l’inflation ne revient pas bientôt à un niveau normal de 2 % environ, des niveaux historiquement bas des rendements des obligations à dix ans sont probables. Au regard des rendements faibles, de la politique du taux d’intérêt zéro à long terme par les banques centrales, d’un euro plus faible (après les diminutions attendues des taux d’intérêt par la BCE) et d’un capital de placement suffisant, les investissements dans des titres ont de solides arguments à faire valoir.
Tant l’indice Dow Jones que le DAX ont déjà atteint de nouveaux sommets. Il serait prématuré de tirer des conclusions hâtives et d’anticiper une correction majeure des cours des actions. En réalité, seul le marché américain a enregistré des niveaux record, comme l’indique le DJIA. Le DAX calculé comme indice des cours reste sensiblement éloigné de son record précédent qui date de février 2000. Une évolution positive des cours reste donc de l’ordre du possible. En partant de l’hypothèse peut-être ordinaire que le DAX atteigne les mêmes sommets que le DJIA, le cours du DAX pourrait gagner 20 %.