Question de patrimoines

La « gestion de patrimoine »: le sujet trouve parfaitement sa place dans un magazine destiné aux financiers, tel que Finance Management. Pourtant, c’est Peoplesphere, notre autre titre destiné aux gestionnaires de l’humain, qui y consacrait récemment tout un dossier. Le constat ne doit pas passer inaperçu alors que, ce mois-ci, les deux mensuels unissent leurs publics, à l’occasion d’un séminaire organisé ce 15 novembre à la FEB, pour chercher à créer des liens plus forts et plus intenses entre ces deux fonctions de support, à la fois complémentaires et parlant trop souvent des langages différents.
Les financiers seront heureux d’apprendre que les RH aussi parlent désormais de patrimoine, de « patrimoine humain ». Car faut-il encore parler de « ressources humaines » ou de « capital humain »? Non, estime ainsi Laurence Vanhée, directrice Personnel & Organisation au S.P.F. Sécurité sociale, qui préfère donc cette notion de « patrimoine humain ». Elle a d’ailleurs fait modifier sa carte de visite en ce sens: elle se dit aujourd’hui « Développeur du Patrimoine Humain » de son organisation. Sans encore aller aussi loin, de plus en plus de DRH adoptent le même point de vue.

Simple question de sémantique? Non, assurément: « Parler de patrimoine humain, c’est s’inscrire dans la durée, dans une notion de prospérité, explique-t-elle. En tant que DRH, je reçois un patrimoine, quelque chose qui a été façonné par mon prédécesseur, avec pour mission de le transmettre dans un état encore meilleur à mon successeur. C’est-à-dire de le développer dans une optique d’amélioration et de progrès. »

Réfléchir aux notions de « capital humain » et de « patrimoine humain » implique également d’essayer de « valoriser » ce que représente son personnel pour une organisation. Un travail encore largement exploratoire auquel d’aucuns s’essaient avec plus ou moins de succès. L’exercice est évidemment essentiel pour entretenir un dialogue de qualité avec le financier mais aussi, par exemple, dans le cadre des opérations de fusion et d’acquisition. La valeur du patrimoine humain y est-elle aujourd’hui prise en compte? Indirectement, oui, dans une partie des cas, mais l’évaluation des dimensions RH demeure le parent pauvre des procédures de due diligence. A tort.

Il reste donc du pain sur la planche, et des espaces de dialogues à ouvrir entre Finance et HR. Ce que nous essayons de faire, ce mois-ci, dans notre dossier et par ce séminaire. Mais le CFO ne peut esquiver l’évolution que connaît la fonction RH, plus ‘business-oriented’, plus ‘facts & figures’ qu’elle l’a été par le passé. A lui également de faire une partie du chemin, en développant une certaine orientation ‘people’, sans doute encore atypique, mais indispensable car apprendre à parler le même langage ne peut, bien évidemment, que se réussir ensemble…

Poster un commentaire

*