« Toute absence mérite une attention spécifique »

Finance Management

Chaque année, près d’un travailleur sur deux s’absente au moins une fois. Sur une journée normale de travail, ils sont 5% à rester à la maison, engendrant ainsi un coût qui doit être assumé par l’entreprise. Quelques conseils pour gérer cette problématique.

L’édition 2011 du Benchmark sur l’absentéisme réalisé par Securex porte sur un échantillon de 263.309 travailleurs issus de 25.952 entreprises. Une bonne base permettant de dresser un panorama réaliste de l’absentéisme en Belgique, tous secteurs confondus. Le département HR Research de ce prestataire de services RH mène cette étude chaque année pour comparer les pourcentages et ainsi dégager des tendances en la matière. En 2011, le taux d’absentéisme pour maladie en Belgique s’élève à 5,82%, ce pourcentage ayant légèrement progressé depuis 2010. Chaque travailleur s’est en moyenne absenté 1,14 fois.
Le baromètre révèle également un statu quo au niveau de la fréquence des absences et du pourcentage d’absents entre 2010 et 2011. « Chacun a sa vision de l’absentéisme, indique Sylvia de Turck, conseillère en Prévention Psychosociale et Senior Consultant chez Securex. Une même situation peut être interprétée de manière différente selon la personne qui l’analyse, même si la problématique est considérée par tous comme délicate. »

Plusieurs stades

L’absentéisme peut prendre plusieurs formes qui nécessitent chacune un traitement particulier. « L’absentéisme blanc illustre une réelle incapacité, psychologique et physique, de travailler, précise-t-elle. L’absentéisme gris se manifeste par plusieurs symptômes: mal de tête, fatigue ou encore mal au ventre, qui vont conditionner la décision de s’absenter. Il s’agit d’une zone intermédiaire. Enfin, l’absentéisme noir, qui existe en plus petite proportion, va s’illustrer, par exemple, quand quelqu’un fait des travaux chez lui ou veut partir en vacances plus tôt. La personne n’a pas envie d’aller travailler sans vraie raison de santé. »
Le top cinq des causes pour justifier une absence fréquente pour maladie se décline comme suit: en premier lieu un problèmes de santé, puis une faible motivation autonome, la charge de travail, ensuite le stress et la mauvaise diffusion des informations. Dans le cas d’un absentéisme pour maladie de longue durée, la répartition est différente: en premier viennent les problèmes de santé, ensuite la charge de travail, puis le harcèlement moral, le stress et, enfin, le contenu pesant de la fonction. « Dans les deux cas, la première cause reste la santé, c’est important de le souligner, note Sylvia de Turck. Une grande partie des absents sont vraiment malades, c’est une partie qu’on ne pourra jamais supprimer. Il faut en tenir compte dans les programmes de lutte contre l’absentéisme. Les autres causes sont de nature psycho-sociales, c’est aussi interpellant. »

Coûts à supporter

L’absentéisme a un coût. Chaque jour de travail non presté engendre un manque à gagner direct et indirect pour l’entreprise. Pour une entreprise employant 200 collaborateurs, les coûts directs moyens pour un travailleur absent (salaire garanti) s’élève à 271 euros par jour. Les coûts indirects, qu’ils soient liés à la réorganisation, au replacement temporaire, à la baisse de la qualité du service ou encore aux heures supplémentaires, montent jusqu’à 678 euros par travailleur, soit près de 949 euros par jour au total.

« Chaque jour de travail non presté engendre un manque à gagner direct et indirect pour l’entreprise. »

En moyenne chaque employé de cette entreprise type sera absent 5,2 jours par an. En cumulant les coûts directs pour chaque employé, l’entreprise arrive à un montant de 280.840 euros par an et jusqu’à 986.960 euros de coûts totaux liés à l’absentéisme. « Sans compter que l’absentéisme a également des conséquences importantes en matière de productivité et de turn over », complète Samantha Lirzmann, Sales Account Executive chez Securex.
Une absence ou un retour sont toujours liés à trois facteurs: le besoin (souffrance physique ou psychique), l’envie (selon son sentiment d’utilité, sa relation avec son supérieur direct, etc.) et l’opportunité (dans quelle mesure la personne peut être malade). « Dans certaines entreprises, être malade est presque considéré comme un droit, illustre Sylvia de Turck. Etre absent un jour par mois y est jugé normal. C’est un phénomène vicieux, mais qui peut s’estomper avec les années. Tout dépend de la perception au sein de l’entreprise. »

Manager humain

Tout type d’absence nécessite donc de l’attention. « Quelle que soit la maladie d’une personne, une attention particulière doit lui être accordée, poursuit Samantha Lirzmann. La situation n’est pas normale. Toute absence mérite de l’attention et de l’analyse. Combien de temps a-t-elle duré? Quelle a été la fréquence de l’ensemble des absences? Comment les prévenir? Quel procédé est à l’œuvre: besoin, envie, opportunité? Ce sont des questions à se poser. Si les absences sont courantes, on peut se demander s’il y a un schéma ou une routine qui se répète. » Bien sûr, l’absentéisme gris nécessite une attention encore plus précise, c’est celui sur lequel il est le plus facile d’intervenir.
Il est avéré que la qualité du leadership influence le bien-être des employés. Le manager possède donc un rôle clé à jouer dans la gestion de l’absentéisme. En première ligne, il connaît bien son équipe et ses faiblesses. Le lien entre la motivation autonome et l’absentéisme est clairement établi. « Plus la motivation du travailleur est intrinsèque, plus elle est forte, et plus il viendra travailler en étant un peu malade, explique Sylvia de Turck. Pour être efficace, une politique de lutte contre l’absentéisme doit être claire, connue de tous et la même pour tous les employés. Les critères pour un contrôle doivent être objectifs. »

Se comparer

L’étude de Securex dévoile une augmentation importante des chiffres sur ces dernières années. En dix ans, l’absentéisme a ainsi augmenté de 32%. Le nombre de jours de maladie par travailleur est passé de 10,96 jours à 14,32 jours. Cette hausse structurelle peut s’expliquer par différentes hypothèses: la féminisation des équipes – les femmes étant plus souvent absentes que les hommes –, le vieillissement des effectifs, une augmentation du stress… Le nombre de travailleurs âgés actifs allant sûrement augmenter, le pourcentage va sans doute encore évoluer, exigeant une politique de gestion préventive efficace.
« La bonne nouvelle, c’est qu’environ 50% des travailleurs ne sont jamais absents. La mauvaise nouvelle, c’est que c’est sur ces personnes-là que la charge de travail supplémentaire générée par les absents retombe », pointe Sylvia de Turck. « En matière de lutte contre l’absentéisme, le plus important est d’avoir une communication claire en matière de procédures, conclut Samantha Lirzmann. C’est très utile d’avoir un supérieur hiérarchique qui appelle la personne absente pour avoir des nouvelles de sa santé, ça joue aussi un rôle dissuasif. L’idée n’est pas de mener une chasse aux sorcières, mais d’avoir une politique limpide. Pour un impact à long terme, il faut traiter trois volets: médical, comportemental et technique. »

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